Avant la musique, Fatoumata Diawara est d’abord comédienne. Ayant soif de liberté, elle n’hésite pas plus jeune à partir avec la compagnie de théâtre Royal Deluxe autour du monde, contre l’avis de ses parents. Elle a aussi visité les plateaux de cinéma et a joué Karaba dans la comédie musicale Kirikou et Karaba. Une vie nomade trépidante mais qui connaît des failles. Abandon, excision féminine… “Fatou” nous narre un récit autobiographique sur son enfance entre Mali et Côte d’Ivoire.
Fatoumata Diawara : entre scènes, plateaux de cinéma et musique
Fatoumata Diawara est une auteure, compositrice, interprète et comédienne malienne. Dès l’enfance, la jeune Fatou connaît le monde du spectacle grâce à son père, qui la fait danser dans sa troupe. Refusant d’aller à l’école, elle est envoyé chez l’une de ses tantes, qui est actrice à Bamako. C’est en fréquentant les coulisses de théâtre et de cinéma qu’elle se fait repérée en 1997 par le cinéaste Cheick Oumar Sissoko qui lui confie le premier rôle féminin dans son film “La Genèse” (qui remporte le prix “Un certain regard” au festival de Cannes en 1999).
À 18 ans, elle part en France afin de jouer dans la pièce “Antigone”. Après avoir tourné avec la troupe, elle retourne au Mali pour tourner dans le film “Sia : Le rêve d’un python”, dans lequel elle tient le rôle principal. Le film connaît un énorme succès et malgré les propositions de rôles qui affluent, sa famille souhaite qu’elle se marie. Fatou est alors contrainte d’abandonner sa carrière d’actrice.
En 2002, le directeur de la compagnie Royal de Luxe vient à Bamako lui offrir un rôle dans son nouveau spectacle. Néanmoins, sa famille refuse qu’elle parte avec la troupe. Elle décide alors de s’enfuir. Avec la compagnie, elle joue dans le monde entier et au fil des spectacles, le directeur de la compagnie la fait chanter pendant les représentations (l’entendant chanter pendant les répétitions). Encouragée par le public pendant la tournée, elle commence à jouer dans des clubs à son retour à Paris. C’est là qu’elle fait la rencontre du producteur Cheikh Tidiane Seck qui la fait revenir au Mali pour faire les chœurs sur les albums d’Oumou Sangaré “Seya” et de Dee Dee Bridgewater “Red Earth”.
💿 À son retour en France, Fatou joue le rôle de Karaba dans la comédie musicale Kirikou et Karaba. Elle apprend aussi à jouer de la guitare six cordes en autodidacte et commence à écrire des chansons. Elle enregistre par la suite des maquettes et intègre le label World Circuit et enregistre son premier album intitulé “Fatou”, sorti en 2011.
Deux ans plus tard, face à ce qu’il se passe au Mali, elle rassemble une quarantaine de musiciens maliens pour enregistrer le morceau “Mali Ko” dont : Amadou & Mariam, Oumou Sangare, Bassekou Kouyate, et bien d’autres.
💿 En 2014, elle entame une tournée européenne avec le pianiste Roberto Fonseca. À la suite de ça, les deux artistes collaborent et enregistrent un album live “Live : At Home (Live in Marciac)”.
En parallèle, elle fait quelques apparitions sur scène et dans des films, notamment dans “Timbuktu” (sorti en 2015) d’Abderrahmane Sissako (récompensé de sept Césars) et le documentaire “Mali Blues” (2016). Elle co-compose également le titre phare du film “Timbuktu Fasso”.
Par la suite, elle partage la scène avec nombreux artistes tels que Mayra Andrade, Omara Portuondo, Oumou Sangaré.
💿 Fatoumata Diawara revient en 2018 avec un second album “Fenfo” (qui signifie “quelque chose à dire” en bambara). Un album enregistré entre Afrique et Europe mêlant instruments traditionnels maliens et rythmes électroniques et co-produit par Matthieu Chédid.
Pour notre box “Carnet de voyage” de juillet, on a choisi d’intégrer son 1er album “Fatou”, qui correspondait bien à l’ambiance qu’on voulait transmettre dans cette box : du voyage, des sonorités plus exotiques, plus planantes et solaires que les précédentes box. Lis la suite si tu veux en savoir plus sur cet album 😉
L’invitation au voyage de “Fatou”
L’invitation au voyage de “Fatou”
Magnétique, intimiste, mélancolique et dansant…. C’est ce qui qualifie bien l’album “Fatou”, sorti en 2011 sous le Label World Circuit Records.
Dans cet album, la majorité des morceaux sont uniquement composée de la voix de Fatou accompagnée de deux guitares. Cet ensemble voix et guitare donne un caractère très minimaliste à l’ambiance générale de l’album. Toutefois, quelques jeux de percussions permettent de le rythmer un peu plus. Elle mélange aussi parfaitement trois langues : le Bambara, sa langue maternelle, le français et l’anglais grâce auxquelles on voyage entre Europe et Afrique.
La citation
“Je n’ai pas voulu cacher ce que mon âme vivait à l’époque de ma vie où j’interprétais Fatou. Je me battais pour avoir des musiciens qui pouvaient me comprendre et m’accepter comme j’étais. C’était dur d’être moi-même, de trouver ma voie, mon chemin, d’oser prendre une guitare et de m’exprimer sans soutien. Cet album a été réalisé à une période très compliquée de ma vie, je pense que ça s’entend. J’avais 26 ans, je me battais avec mon passé. J’avais en face de moi des acteurs de la musique qui voulaient me façonner. Je voulais sortir de tout ça. Il y a de la mélancolie dans cet album, mais aussi des musiques positives comme Bakonoba, qui lutte contre la grossophobie”, Exprime-t’elle au média Respect Mag dans une interview de 2018 .
Même ses collaborations sont cosmopolites. En effet, elle a travaillé avec Toumani Diabate (joueur de kora), Tony Allen (batteur de Fela Kuti) qui a joué sur le morceau “Mousso”. et Jean Paul Jones de Led Zeppelin.
Mais ce qui frappe avant tout dans “Fatou”, c’est cette facilité à exprimer des sujets lourds de façon positive et rythmée. Ce qu’elle a vécue dans son enfance, elle l’a exprimé dans ses chansons. On y retrouve notamment les thèmes de la guerre, de l’abandon et de l’’excision (boloko).
Les tracks coups de ❤ :
💿 On commence par “Sowa”, dans lequel elle exprime son incompréhension face à l’abandon de ses ses parents qui l’avait envoyé chez sa tante à Bamako pour l’élevé. On pouvait s’attendre à des rythmes plus secs et un chant ressemblant à un cri de colère mais il n’en est rien. Fatou chante de façon apaisée sur les rythmes de guitare. Acceptant son passé, pour mieux aller de l’avant. Un apaisement comparable à celui d’une rivière. On s’imagine bien sur le fleuve Niger.
💿 Dans “Sonkolon”, elle parle aussi du jugement des autres envers les enfants différents. Toutefois, Fatou invite à la tolérance et au respect. Dans sa musique ça se sent car sans juger, elle pose de manière très calme sa voix sur des rythmes de guitare acoustique tout doux. Le chœur vient renforcer son message. Malgré le message derrière cette chanson, on s’imagine bien arpentant les rues de Bamako, le marché Rose ou de la Médine.
💿 On a aussi “Boloko”, qui trait de pleins de thèmes et d’aspects liés à l’excision féminine. Une chanson engagée dans laquelle Fatou se pose des questions dans l’intention de se faire entendre, surtout par les aînées, les futures mères. C’est surement le morceau le plus intense de l’album, dans lequel la voix et le rythme sont plus marqués.
Et toi ? Dis nous en commentaires ce que tu as pensé de l’album Fatou de Fatoumata Diawara.
Pourquoi cet album dans la box de Juillet ?
La Curtis team t’a préparé ce mois-ci une box sans frontières, qui t’emmène voyager aux quatre coins du monde !
Un moment où tu sors de ta zone de confort, où tu t’ouvres aux autres et à leur culture, à leur langue… Pour coller à cette ambiance, on voulait partager avec toi un album aux mélodies apaisantes, chaleureuses, exotiques et “Fatou” de Fatoumata Diawara nous est venu tout de suite en tête.
Comme tous les mois, Curtis Music t’invite à entrer dans un univers créé pour toi. Bienvenue dans la bulle d’écoute de juillet. Profite bien des objets présents dans ta box. Il ne te reste plus qu’à mettre le vinyle sur ta platine, préparer tes indispensables à glisser dans ta trousse, prévoir les cartes postales à envoyer à toute la famille, préparer tes papilles avec les sauces du Coq Noir et gratter les pays que tu as visité cet été sur la carte du monde qu’on t’a glissé dans ta box. Alors qu’est-ce que tu attends ?
Prends ton sac à dos et fais bon voyage ! ✈
Pour en savoir plus sur Faoutmata Diawara, je t’ai sélectionné des interviews et des articles que tu peux consulter :
- ““Interview Fatoumata Diawara – Festival Africolor””, 54one.com, Youtube, 06/01/2018 .
- ““Fatoumata Diawara – Interview (french)””, Vpro Vrije Geluiden, Youtube, 29/11/2014.
- ““Fatoumata Diawara – 28 minutes – ARTE””, 28 minutes – Arte, Youtube, 15/04/2019.
- ““L’interview décalée de Fatoumata Diawara””, France 3 Hauts-de-France, Youtube, 16/01/2019.
- ““BET BUZZ – Keblack, Fatoumata Diawara & Regis Kole””, BET Officiel, Youtube, 04/06/2018.
- ““Fatoumata Diawara : portrait d’une artiste – Je t’aime etc””, Je t’aime etc, Youtube, 06/11/2018.
- ““FATOUMATA DIAWARA / Interview / Esperanzah! 2017 / l’Oreille à l’envers””, l’Oreille à l’envers, 26/08/2017.
- ““Fatoumata Diawara : adieu tristesse !””, La presse, écrit par Alexandre Vingeault, 21/02/2020.
- ““Biographie Fatoumata Diawara””, Fatoumata Diawara site officiel.
- ““Fatou, de Fatoumata Diawara””, Africultures.com, 14/09/2011.
- ““Fatoumata Diawara””, Taratata.
- ““Fatoumata Diawara, femme de paroles””, L’express, écrit par Julien Bordier, 25/05/2018.
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